Alors
que les lycéens défilent mardi contre les suppressions de postes
d'enseignants, le ministre de l'Education dénonce «le discours
alarmiste et mensonger de certains syndicats». Aux lycéens qui s'apprêtaient mardi à battre le pavé, Xavier Darcos a opposé une fin de non recevoir.
Dans un entretien accordé à 20 Minutes,
le ministre de l'Education Nationale se montre catégorique : «Nous ne
reviendrons pas sur ces suppressions, même si je le voulais, je ne peux
pas: elles ont été largement discutées depuis août, et votées en
novembre. Nous ne renouvelons pas 8.830 emplois de professeurs, sur
900.000, puisque démographiquement, nous avons perdu 145.000 collégiens
et lycéens en trois ans». Un retour en arrière est impossible. « La
qualité des cours ne dépend pas du nombre de professeurs. Malgré un des
meilleurs taux d'encadrement au monde, un prof pour 12 lycéens, on perd
des places dans les classements mondiaux», avance l'ancien maire de
Périgueux qui se dit prêt à discuter avec les syndicats des «vrais
défis» du lycée. «On me demande des postes: je réponds études
surveillées, nouveaux programmes, stages, revalorisation du lycée
professionnel», rétorque-t-il. La pression de la rue est loin
d'ébranler le ministre dans ses convictions. «Les défilés d'élèves et
d'enseignants reviennent tous les ans ! Il ne faut pas être dupe du
discours alarmiste et mensonger de certains syndicats. N'exagérons pas
la mobilisation des lycéens», insiste-t-il, soulignant que sur les
450.000 lycéens que comptent l'Ile de France, 4000 seulement
manifestaient jeudi dernier.
Journée d'action des enseignants mercredi Une
affirmation que l'UNL et Fidl, les deux syndicats lycéens, à l'origine
de la mobilisation, entendent démentir dès mardi. Les deux
organisations, qui protestent contre les suppressions de postes mais
aussi contre la réforme du bac professionnel en trois ans et «la future
réforme du baccalauréat général», tablent sur une participation plus
élevée que la semaine passée où leur appel n'avait pas été bien suivi
en province. La Fidl, qui appelle à une deuxième journée de
manifestation jeudi, a fustigé «la langue de bois» de Xavier Darcos,
tandis que l'UNL a estimé que «la mobilisation est bien partie pour
durer : les lycéens veulent un système éducatif avec des moyens, une
augmentation des postes». Les rangs des lycéens pourraient être
grossis par leurs professeurs. Les trois syndicats d'enseignants du
secondaire de la FSU ont exhorté leurs troupes à participer au
mouvement lycéen de mardi, et appellent à «une journée nationale
d'actions» mercredi, sans appel à la grève, mais «avec manifestations
dans les académies et départements, conférences de presse, rencontres
avec les élus». Toutefois Xavier Darcos se défend de les abandonner.
«On est le premier gouvernement à s'occuper d'eux et le Président s'est
engagé à revaloriser leur début de carrière. L'école de la Nation doit
se rappeler qu'il y a une nation, en difficulté. L'Etat n'a plus les
moyens de recruter aveuglément des enseignants», confie-t-il.